Prenons l’exemple des emballages réutilisables pour mieux comprendre.
Noyés par les infos pointant l’importance de devenir « carbon neutral » et de « réduire notre empreinte carbone », nous avons perdu de vue les autres dimensions du développement durable.
Ne vous méprenez pas : il est bien évidemment important d’avoir des points d’entrée accessibles pour réfléchir à sa transition écologique. De ce point de vue, l’approche axée sur le carbone est nécessaire.
Cependant, le sujet du développement durable ne devrait pas être si complexe qu’il en devienne décourageant. MAIS :
Le recyclage, la compensation carbone, ou la plantation d’arbres sont comme des flocons de neige : ils ne comptent que si, ensemble, ils forment un bonhomme de neige (bon ok métaphore bizarre, mais vous capte l’idée, puis la neige en ce moment... bref).
Si nous atteignons l'objectif dezéro émission nette d'un côté, mais ignorons la rareté des ressources ou échouons à protéger la biodiversité d'un autre, qu'est-ce que cela signifiera pour le bien-être des humains et de la planète ? Un peu limité, non ?
Un graphique signé Jan Konietzko illustre parfaitement les limites de résoudre des crises environnementales complexes en ne se basant que sur les émissions de carbone.
Nous devons trouver un équilibre entre « Chaque petit pas compte » et la prudence face au « shaming » environnemental. Mais attention à ne pas devenir vaniteux en ne nous concentrant que sur le CO2, en négligeant les autres dimensions ou, pire, en les considérant comme moins importantes dans l’évaluation de l’impact.
Dans les modèles réutilisables, l’emballage, produit une seule fois, voyage entre nos hubs, les marques, les consommateurs et revient aux hubs.
Faire fonctionner un système réutilisable n’est pas neutre en carbone. Cela implique des déplacements, une consommation d’énergie et des émissions de carbone : on ne va pas le nier.
Cependant, bien qu’il ne soit pas neutre en carbone, ce système est beaucoup, beaucoup mieux pour l’environnement que les systèmes linéaires à usage unique.
Si l’on compare RePack et les enveloppes plastiques à usage unique d'un point de vue de CO2 uniquement, ces dernières pourraient sembler meilleures !
Cela signifie-t-il qu’elles sont meilleures pour l’environnement ? Absolument pas.
Ces enveloppes plastiques ne seront probablement pas recyclées, encore moins réutilisées. Elles finiront par être incinérées ou rejetées dans les cours d’eau, après avoir traversé le globe par bateau.
Bien que leur fabrication utilise moins de carbone (et encore), leur impact environnemental ne s’arrête pas là. Ce plastique, en plus d’exposer les sols et les eaux à des risques d’écotoxicité, contribue à l’acidification des océans, affecte la biodiversité et pousse dangereusement la limite planétaire des « nouvelles entités ».
En adoptant une approche holistique, il est clair que l’emballage réutilisable est bien meilleur pour la planète.
D'un point de vue carbone, le carton ne s’en sort pas très bien : il est plus lourd que le plastique jetable ou un RePack et prend plus de place, ce qui implique davantage de camions pour les livraisons.
En ce sens, du point de vue du carbone, le plastique à usage unique pourrait sembler préférable. Cependant, il est admis que le carton est moins nocif pour l’environnement. Il est recyclable, la technologie existe pour le recycler. Il est également moins destructeur pour les sols et utilise des ressources renouvelables. Mais cela reste un produit à usage unique, avec de gros inconvénients.
Couper des arbres pour produire du carton ou des emballages kraft à usage unique est une utilisation très inefficace des ressources. Cela conduit à la déforestation et à la rareté des ressources, en utilisant des terres pour « cultiver du carton » au lieu de cultures alimentaires, par exemple.
La production industrielle de carton consomme également beaucoup d’eau et a un impact destructeur sur la biodiversité.
Donons la parole à deux scientifiques du Stockholm Resilience Centre :
Les solutions d’emballage réutilisables permettent de réduire drastiquement les déchets et ont un impact environnemental minimal. Contrairement aux produits à usage unique, nos circuits logistiques peuvent être repensés en permanence pour réduire davantage leur impact, notamment en termes de carbone.
Un exemple concret est la décentralisation de notre système grâce à La Poste en France, ce qui réduit les distances parcourues et, par conséquent, les émissions de carbone.